Priape ou le paradoxe de l’ithyphallisme inutile

Cyril Dumas

La nudité masculine demeure dans l’Art romain un symbole de la beauté et de la virilité. Pourtant, ces représentations ne sont pas innocentes, car elles revendiquent une tradition antique. A l’exemple de Pompéi, où le sexe masculin s’exhibe fièrement aux yeux de tous. De nombreux symboles phalliques protègent les constructions au point de les confondre avec l’emblème de la ville. Or, il s’agit de Priape, qui est le dieu le plus représenté de l’antiquité. Le nombre des oeuvres d’art à son effigie témoigne d’une importante popularité qui lui permet de pénétrer toutes les classes sociales et de protéger tous les corps de métiers. Cependant, ces images ne renvoient à aucune connotation érotique ou à aucun exercice du plaisir. Célébrées par les artistes, le membre ithyphallique est exhibé fièrement avec une dévotion mythicoreligieuse. Cette vulgarité assumée sert de référence à l’esthétique et permet de chasser le mauvais oeil. Ainsi, toutes ces images pointent vers une nouvelle réflexion moralisatrice qui invite à revendiquer une superstition.